Lorsque l’on évoque le Bouddhisme, nous devons d’abord parler de Bouddha, son fondateur, alors qui était vraiment Bouddha ?
Bouddha n’était pas un dieu ni même l’incarnation d’un dieu, il n’était comme nous tous qu’un homme, un être humain né de parents humains. Il fut élevé et grandit comme un garçon qu’il était; vécu dans un palais comme un prince qu’il était et fut même marié. Somme toute il vivait comme un homme, de son rang certes, mais comme un homme. Ainsi il n’était ni surhumain et encore moins surnaturel.
Bouddha, de son vrai nom Siddharta Gotama, vit le jour en 536 avant J.-C., dans le Nord du sous-continent Indien, dans l’état actuel du Népal. Il était le fils du roi Suddhodana et de la Reine Maya, souverains du royaume des Sakyas. Il fut élevé comme doit l’être le fils d’un roi, il était entouré de richesse et de choses raffinées. Comme la coutume le voulait en ces temps éloignés, il épousa très jeune, à l’âge de seize ans, une jeune, belle et dévouée princesse nommée Yasodhara. Et le jeune prince Siddharta vivait ainsi dans le palais, entouré de tout le luxe que lui procurait son rang. Mais un jour, il fut mis brutalement en face de la misère, la maladie, la vieillesse, la mort et compris le fardeau de souffrance du monde. Epris de compassion, il décida de se mettre en quête de la solution qui le mènerait jusqu’à la voie visant à abolir cette souffrance.
Alors qu’il était âgé de 29 ans et que la princesse Yasodhara venait de lui donner un fils nommé Rahula, Siddharta pris la ferme résolution de quitter le palais de son père, de quitter le pays des Sakyas et de devenir un ascète en quête de la voie menant à la délivrance de la souffrance. Pendant plus de six années, l’ascète Gotama erra dans la vallée du Gange (le fleuve sacré), il rencontra des maîtres religieux célèbres et suivi leurs enseignements, pratiquant parfois de rigoureuses pratiques de privation. Toutefois, insatisfait il abandonna donc toutes ces traditions et leur enseignement afin de suivre sa propre voie. C’est ainsi qu’un soir, sur la rive du fleuve Neranjara, près de la localité de Gaya dans l’état actuel du Bihar, assis sous un arbre (nommé depuis Arbre de la Sagesse ou Arbre de Bô), Siddharta Gotama, âgé alors de 35 ans atteint l’Eveil. Dès lors il fut appelé » Bouddha « , ce qui signifie : l’Eveillé.
Après son Eveil, Bouddha fit son premiers sermont (sutras) dans le parc des Gazelles à Isipatana, près de Benarès, dans l’état actuel de Sarnhat, en présence de cinq de ces anciens compagnons d’ascèse. Depuis ce jour, il enseigna le bouddhisme toute sa vie et ce durant 45 années. Il le fit pour toutes les classes de la société Indienne, ignorant la différence des castes, enseignant aux femmes comme aux hommes, à tous ceux qui étaient prêts à comprendre et suivre sa doctrine pour se libérer, comme lui, de la souffrance et atteindre l’Eveil.
Quant à son enseignement, on doit considérer ce qu’il a de particulier. En voici un exemple qui l’illustre parfaitement bien :
Un jour qu’il visitait un village, Les habitants des alentours vinrent le voir et lui dirent :
« Seigneur, de temps en temps différents maîtres viennent dans notre village et nous donnent divers enseignements. Un jour l’un d’entre eux nous enseigna quelque chose et le lendemain, un autre maître nous enseigna autre chose encore, totalement différente, voire même contradictoire.
Ces différents maîtres viennent ainsi jour après jour dans notre village et nous délivrent des enseignements qui sèment le doute et la confusion dans nos esprits ; de tel sorte qu’il nous est difficile de séparer le vrais du faux. Ainsi, nous sommes perplexes et nous vous demandons de nous guider vers le droit chemin et de nous écarter du mal.
Bouddha leur répondit :
« Il est naturel que vous ayez des doutes, puisque vous avez entendu des enseignements contradictoires et de telles situations provoquent certes la confusion.
Cependant, je vous dis ceci :
– Ne croyez pas quelque chose parce qu’elle vous a été simplement transmise par une tradition.
– Ne croyez pas quelque chose simplement parce que vous pouvez la trouver dans des écrits. Quelquefois, il peut y avoir dans les livres des choses fausses ou correctes, mais comment le savoir?
– Ne croyez pas aveuglément ce qu’un maître spirituel, votre guru, vous enseigne, parce que, lui aussi, peut faire des erreurs de temps en temps.
– Ne croyez pas non plus parce que vous entendez ici ou là par la rumeur. Et, même ce que j’enseigne, ne le croyez pas.
– Quoi que vous entendiez, testez-le, essayez de l’expérimenter, ceci est la manière d’enseigner du Bouddha. »
Au cours d’une autre occasion, Bouddha donna à ses moines et à ses disciples les conseils suivants :
« Agissez comme les joailliers qui examinent l’or en le martelant, en le coupant, en le vérifiant de différentes façons. Voyant si cet or est vrai ou faux en le chauffant. Exactement de la même manière, ne croyez pas, n’acceptez pas mon enseignement simplement parce que vous avez du respect ou de l’amour envers moi. Ce n’est pas une raison suffisante pour croire en mon enseignement. Il faut que vous le mettiez en pratique et que vous le testiez. Si vous avez le sentiment qu’il est pratique, si vous sentez que cela apporte bonheur et santé dans votre coeur et dans votre esprit, alors vous pourrez à ce moment même l’accepter et le suivre. En pratiquant peu à peu, vous comprendrez si c’est vraiment bénéfique ou non. Si cela ne vous attire pas, alors laissez tomber il n’y aura pas d’objection. »
Bouddha ne voulait convertir personne, ne faisant qu’exposer ses expériences, ainsi quiconque voulait suivre son enseignement, le faisait librement. De même, il ne cherchait pas à être vénéré. Cependant, les gens qui le suivaient l’aimaient et lui manifestaient beaucoup de respect. Ils le vénéraient et c’est cela qu’on appelle le « culte bouddhiste ». Mais il ne s’agit pas à proprement parler d’un culte. Nous, en tant que bouddhistes, nous ne faisons que rendre hommage au grand maître le Bouddha, lui exprimant ainsi notre gratitude pour avoir montrer la voie de la libération.
Bien qu’en fait Bouddha n’ai jamais désiré cela. Selon lui, toute personne est susceptible d’être vénérée et il disait aux gens:
« Vous pouvez pratiquer les vertus; vous pouvez vous construire une vie moralement correcte; vous pouvez vous édifier de bonnes mœurs; vous pouvez essayer de purifier votre esprit et votre corps de toutes les passions, de tous les obscurcissements et des tentations.
Mais indépendamment, essayez de vous observer vous-mêmes, la nature de votre vie, et d’utiliser vos capacités de raisonnement. Tout en faisant cette recherche, développez votre raisonnement et cherchez à comprendre ce que vous êtes réellement. Si vous le faites très soigneusement, au bout d’un certain temps, vous réaliserez et comprendrez votre véritable nature. »
Bouddha exprime ceci encore :
« Vous devez faire votre travail vous-même, j’enseigne la voie, j’ai découvert et indiqué le sentier qui conduit à la libération, à l’état de Nirvana, mais c’est à vous de marcher dans le sentier. »
La liberté de pensée autorisée et désirée par Bouddha est tout à fait singulière et caractérise bien la doctrine Bouddhiste. Cette liberté est nécessaire, selon Bouddha lui-même, parce que l’émancipation de l’homme dépend de sa propre compréhension de la vérité et non pas de la grâce bénévolement accordée par une puissance extérieure, même bienveillante, en récompense d’une conduite vertueuse et obéissante.
La liberté de pensée, mais aussi la tolérance enseignée par Bouddha surprend les occidentaux qui découvre cet doctrine, ainsi que ceux qui étudient l’histoire des religions, mais il en était déjà ainsi à l’époque lorsque Bouddha enseignait le Dhamma en Inde.
Cette histoire, issue de la tradition, l’illustre clairement :
Un jour, à Nälända, un chef de famille important et riche, nommé Upali, disciple laïc bien connu de Jaina Mahavira fut spécialement envoyé par Mahavira lui-même, pour rencontrer le Bouddha et vaincre celui-ci dans une controverse sur la théorie du « Karma ». En effet la manière de voir du Bouddha était différente de celle de Mahavira sur ce sujet. Contrairement à son attente, Upali fut tout à fait convaincu que la manière de voir du Bouddha était juste et que celle de son maître était fausse. Il demanda donc au Bouddha de l’admettre comme disciple laïc. Mais, l’Eveillé le pria de réfléchir et de ne pas être trop pressé et lui dit: » réfléchir soigneusement est bon pour des gens renommés comme vous « . Lorsque Upali exprima à nouveau son désir, le Bouddha accepta et lui demanda de continuer à respecter et à soutenir son vieux maître religieux comme il l’avait fait jusqu’alors.
Ainsi comme le démontre cette histoire, Bouddha tenait absolument que le pas qui mène à la doctrine qui était la sienne, vienne de l’homme lui-même, ceci dans le respect des autres traditions.
Au 3ème siècle avant J-C., le grand empereur bouddhiste de l’Inde, Asoka, suivant ce noble exemple de tolérance et de compréhension, honora et soutint donc toutes les autres religions de son vaste empire.
Dans un de ses édits gravés dans le roc, dont l’inscription originale est encore lisible aujourd’hui, l’empereur déclarait :
« On ne devrait pas honorer seulement sa propre religion et condamner les religions des autres, mais on devrait honorer les religions des autres pour cette raison-ci ou pour cette raison-là.
En agissant ainsi, on aide à développer sa propre religion et on rend aussi service à celle des autres.
En agissant autrement, on creuse la tombe de se propre religion et on fait aussi du mal aux religions des autres.
Quiconque honore sa propre religion et condamne les religions des autres, le fait bien entendu par dévotion à sa propre religion, en pensant « Je glorifierai ma propre religion ». Mais, au contraire, en agissant ainsi, il nuit gravement à sa propre religion.
La compréhension sera profonde si tout le monde veut bien tolérer les doctrines des autres religions ».
Ajoutons ici que cet esprit de compréhension et de sympathie devrait être appliqué aujourd’hui. Non seulement en matière de doctrines religieuses, mais aussi bien dans les matières, politiques, sociales et économiques.
Cet esprit de tolérance et de compréhension a été, depuis le début, un des idéaux les plus chers de la culture et de la civilisation bouddhistes. C’est pourquoi on ne rencontre pas un seul exemple de persécution, ni une seule goutte de sang versée dans la conversion de gens au bouddhisme, ni dans sa propagation au cours d’une histoire longue de deux mille cinq cents ans. Il s’est répandu sur tout le continent asiatique et il compte, aujourd’hui, plus de cinq cents millions d’adeptes.
On demande souvent si le bouddhisme est une religion ou une philosophie. Peu importe le nom que l’on veut lui donner, le bouddhisme reste ce qu’il est, quelle que soit l’étiquette qu’on lui attache, en somme cela importe peu. L’étiquette même de « bouddhisme » qu’on attache à l’enseignement du Bouddha a peu d’importance. Le nom qu’on lui donne n’est pas l’essentiel.
« Qu’y a-t-il dans un nom, ce que nous appelons une » rose « , sous un autre nom, sentirait-elle moins bon ? «
La vérité n’a pas d’étiquette, pas de nom. Elle n’est ni bouddhiste, ni chrétienne, ni hindoue, ni musulmane. La vérité n’est le monopole de personne, d’aucune tradition. Les étiquettes sectaires sont un obstacle à la libre compréhension de la Vérité et elles introduisent dans l’esprit de l’homme confusion et préjugés malfaisants.
Cela est vrai non seulement en matière intellectuelle et spirituelle, mais aussi dans les relations humaines. Quand, par exemple, nous rencontrons un homme, nous ne le considérons pas comme un humain unique par la pensée et la forme, nous mettons d’emblée sur lui une étiquette l’identifiant en tant qu’Anglais, Français, Allemand, Américain etc. et nous le considérons avec tous les préjugés associés, dans notre esprit, à celle étiquette dont nous venons de l’affubler. Le pauvre homme peut être entièrement exempt des attributs dont nous le chargeons.
Nous, hommes ordinaires, affectionnons tellement les appellations discriminatoires que nous allons jusqu’à les appliquer à des qualités et à des sentiments humains communs à tout le monde, quel qu’il soit. C’est ainsi que nous parlons de différentes » marques » de charité, nous distinguons par exemple la charité bouddhiste de la charité chrétienne, et parfois, nous allons jusqu’à mépriser d’autres formes de charité. Mais, la charité ne peut être sectaire, sa manifestation n’appartient pas à une doctrine particulière. La charité n’est ni hindoue ni musulmane. L’amour d’une mère pour son enfant n’est ni bouddhiste, ni chrétien, ni d’aucune autre qualification. C’est l’amour maternel et il est le même partout sur terre. Les qualités ou les défauts, les sentiments humains comme: l’amour, la charité, la compassion, la tolérance, la patience, l’amitié, le désir, la haine, la malveillance, l’ignorance, la vanité, etc. n’ont pas d’étiquette sectaire. Ils n appartiennent pas à une tradition ou une culture en particulier. Le mérite d’une qualité ou le démérite d’un défaut ne sont ni augmenté ni diminué par le fait que son auteur professe une doctrine plutôt qu’une autre ou n’en professe aucune.
Et Bouddha dit :
» Ô Moines, je dis que la destruction des souillures et des impuretés est l’affaire d’une personne qui sait et qui voit, et non d’une personne qui ne sait pas et ne voit pas. «
En somme il s’agit toujours d’une question de connaissance et de vision des choses, non de croyance ou de foi aveugle. L’enseignement de Bouddha est qualifié de » ehi oassika « , terme Pâli qui invite à » venir voir » et non pas à croire.
Bouddha mourut à l’âge de 80 ans à Kusinara dans l’état actuel d’Uttar Pradesh, laissant derrière lui un nombre considérable de sutras et une doctrine encore enseignée et pratiquée aujourd’hui plus de 2500 ans après sa mort. Le bouddhisme est répandu dans le monde entier, il est très pratiqué dans des pays comme : Ceylan, Birmanie, Thaïlande, Cambodge, Laos, Vietnam, Tibet, Chine, Japon, Mongolie, Corée, Taïwan, quelques région de l’Inde, Pakistan et Népal. Les pratiquants du Bouddhisme représente dans le monde plus d’un demi milliard d’êtres humains.